Abstract :
L absurde, étant ce qui est contraire à la raison, semble donc ne pas avoir de sens. Un Nouveau Théâtre, appellation courante et peut-être plus largement signifiante, s est, peu à peu, fondé sur ce sentiment: l essence ne pouvant plus guère, à l époque contemporaine, être considérée comme fondamentale et première, que signifie exactement exister si les repères traditionnels ne peuvent plus être vus que comme nuls et non avenus ? Philosophiquement parlant, J. P. Sartre joue un rôle essentiel et une pièce comme Huis Clos (1944) fut un révélateur. Néanmoins, d autres dramaturges sont des référents plus significatifs encore. C est donc autour d eux, de leur oeuvre, que nous avons pensé construire cet article : pour Ionesco, la vie est étonnante (Notes et Contrenotes), sa représentation par le théâtre doit donc l être aussi. Notre article souhaite en apporter la vérification. Nous étudierons avec Le Ping Pong, l approche d Adamov, à nos yeux un précurseur, puis, successivement, nous montrirons qu Ionesco vise, par le burlesque, avec Rhinocéros, à démontrer que la vie, même à ses heures dramatiques, rejoint l absurde, qu il en va de même chez Beckett où le comique est, pour parler comme Anouilh, plus grinçant, plus noir dans En Attendant Godot. Jean Genet enfin, avec Les Bonnes nous pose cette question : qui trompe qui ? Ne nous leurrons-nous pas nous-mêmes sur les motifs de nos actions ? Et, en prenant conscience, ne sommes-nous pas conduits vers l incapacité à continuer à vivre ? Continuons disaient Estragon et Vladimir, reprendre là (…) repartir de, sont les derniers mots de Pas moi, ce monologue, apparemment dépourvu de tout sens, qui continue alors même que le rideau est tombé.(Beckett éd. de Minuit) ; mais Claire, elle, boit le poison préparé pour Madame: Claire joue Madame, mais boit le tilleul empoisonné sachant qu elle est Claire