Author/Authors :
laagouz, loukmane université mohammed v. - fsjes de rabat, Rabat, Morocco , benmessaoud, abdelmourhit université mohammed v. - fsjes de rabat - département du droit public, Rabat, Morocco
Abstract :
La zone du Sahel et du Sahara incarne toutes les contradictions et les contrastes qui peuvent juguler les potentialités d’un espace l’empêchant de libérer ses énergies et faire entendre sa voie. Elle est le visage cynique d’une pauvreté qualifiée de structurelle et endémique, alors que son sous- sol regorge de richesses et de ressources qui attisent les attentions de toute part. Elle détient certains atouts, mais n’arrive guère à les traduire en arguments de puissance, handicapant ainsi ses chances d’imposer ses intérêts et faire valoir ses droits. Un de ses handicaps majeurs fut la dépopulation qui a constitué un grand souci aux yeux du colonisateur dans la perspective de faciliter l’occupation d’un vaste territoire. Un espace qui était toujours insensible au contrôle et indifférent aux frontières physiques. Aujourd’hui, la croissance démographique devient l’une de ses problématiques essentielles, face à laquelle aucune stratégie à court terme stimulant la croissance ne peut s’avérer concluante. Ses élites et ses intellectuels ont toujours regardé d’un mauvais oeil l’ingérence et l’intervention étrangère, la qualifiant de cause principale du sous-développement de cette zone. Mais face au premier signe de dérapage des gouvernements en place, taxés d’asservissement, leurs tribunes courtisent ces mêmes interventionnistes pour demander aide et conseil sur la voie de la légitimation de leurs revendications. Le savoir colonial de sa part censé améliorer le vécu de la population, a surtout servi à la consécration de la pauvreté. Mais au lieu de le discréditer et le rejeter, le nouveau savoir construit à l’aube de l’indépendance, n’a fait que composer avec les contradictions de son prédécesseur. Aussi, l’aide publique au développement qui est censée contribuer à l’effort de croissance, contribue au contraire à bâtir un modèle économique tournée vers l’aide. Devant la persistance de la menace terroriste qui contribue efficacement au processus du déclin des Etats et l’accroissement du rôle des acteurs non étatiques, le salut ne peut venir que de la proclamation de la région en tant que zone stratégique pour les grandes puissances. Mais ce voeu, même en cas de réalisation, ne peut à vrai dire, que réveiller de vieux mauvais souvenirs d’exploitation et de manipulation, lourds de conséquences. Une bonne gouvernance sur fond de démocratisation et de souveraineté nationale, constitueraient l’ébauche d’une solution simple qui reste loin de portée face à un environnement aussi complexe.
NaturalLanguageKeyword :
Sahel et Sahara , Savoir colonial , Pauvreté , Aide économique , Ingérence , Arguments de puissance
